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Face aux discriminations, les associations qui accompagnent les personnes transgenres se mobilisent

30/06/2025 | Par Rebecca Arondel
discriminations
lgbt
Les personnes trans sont souvent discriminées dans le système de santé, alerte un récent rapport du Défenseur des droits. À Paris, des associations comme Acceptess-T et l’Espace santé Trans les accompagnent au quotidien et forment les soignant·es.

Il est bientôt 18h et le local de l’association Acceptess-T, situé dans une petite ruelle du 18e arrondissement de Paris, va bientôt fermer ses portes. Les dernières personnes se pressent au portillon de cette association qui accompagne les personnes transgenres ou en questionnement. Certaines viennent saluer une connaissance, d’autres prendre des renseignements à l’accueil. “On est vraiment une association de santé communautaire”, sourit Louve Zimmermann, coordinatrice du pôle santé et prévention d’Acceptess-T. 

L’association, fondée en 2010 “par des femmes trans qui avaient toutes des parcours migratoires” propose un accompagnement global et approprié aux besoins des usager·es, qui cumulent souvent plusieurs facteurs de vulnérabilité en santé : parcours migratoire, forte précarité, mal-logement, séropositivité au VIH, exercice du travail du sexe….On y vient pour prendre soin de sa santé, bénéficier d’une aide juridique ou sociale et rompre l’isolement. 

Le pôle santé et prévention propose des dépistages simples et rapides de maladies sexuellement transmissibles, des permanences de médiation en santé et d’infectiologie en partenariat avec l’hôpital Bichat et met en relation les personnes avec un réseau de soignant·es à l’écoute et formé·es à recevoir des personnes trans. 


Une dimension essentielle, au vu des statistiques : dans l’enquête LGBTI survey data, parue en 2024, 45% des personnes trans en France ont déclaré avoir subi des discriminations dans leurs parcours de soins au cours des douze derniers mois. Un pourcentage important mais qui serait sous-estimé, selon Louve : “dans les 55% de personnes qui restent, il y a aussi toutes les personnes qui n’ont juste pas eu recours aux soins et toutes les personnes qui sous-déclarent les discriminations car elles y sont habituées.” 

Ces violences, fréquentes, peuvent prendre différentes formes : méconnaissance, refus de soins, objectification des corps, propos transphobes. “Cela peut être des remarques jugeantes sur la qualité de la féminité des personnes comme : “de toute façon vous ne passerez jamais pour une femme” ”, détaille Théo, coordinateur au sein de l’Espace santé trans, une association située dans les locaux de la Bulle, la maison des solidarités LGBTQI+ à Paris. 

“Cela peut aussi être des fausses croyances, complète Twinky, coprésident. Par exemple, certains praticiens disent aux personnes trans masculines qui veulent se faire opérer qu’elles doivent arrêter de prendre de la  testostérone avant l’opération et jusqu’à la fin de la cicatrisation, parce que soit disant la testostérone inhiberait le processus de cicatrisation, ce qui est faux.” 

Le fait que le système de sécurité sociale soit pensé de manière genrée peut aussi engendrer des violences, selon Louve. Conséquence : “des hommes trans peuvent avoir des difficultés à se faire rembourser un dépistage ou un frottis”, déplore la coordinatrice du pôle santé d’Acceptess-T. 


Afin d’éviter au maximum les discriminations, ces deux associations, l’Espace santé trans et Acceptess-T, emploient des médiateur·ices en santé, qui peuvent accompagner des personnes à leurs rendez-vous de santé et débriefer avec elles après la consultation.  “Ça apporte une présence, un cadre protecteur”, explique Malo, médiateur à l’Espace santé trans. 

Face au manque de connaissances des professionnel·les de santé sur la prise en charge des personnes trans, le réseau Santé Trans, a lancé en 2018 des formations qui leur sont destinées. Parmi les sujets abordés : des questions administratives sur l’affection longue durée, la primo prescription hormonale, les bonnes pratiques d’accueil ou encore l’accompagnement des pratiques d’automédication. L’association aurait formé “plusieurs centaines de médecins”, selon Louve, depuis sa création. 

Les membres d’Acceptess-T interviennent aussi régulièrement dans les facultés de médecine, pour sensibiliser les étudiant·es à l’accueil et la prise en charge des personnes trans, dans le cadre du service sanitaire des étudiant·es en santé ou bien lors d’enseignements “santé et société”. “Mais cela reste encore rare de faire ces interventions dans un cours vraiment consacré à la santé”, déplore Louve, qui aimerait que ces questions soient systématiquement intégrées au tronc commun. 


Bientôt, les professionnel·les de santé disposeront de davantage de ressources pour accompagner ce public : la Haute Autorité de Santé doit sortir dans les prochains mois les “premières recommandations visant à structurer le parcours de transition des personnes en questionnement sur leur identité de genre ou transgenres”. Ce rapport est attendu avec impatience par les membres de ces deux associations qui espèrent qu’il permettra une prise en charge bienveillante et adaptée, sans discriminations, quelles qu’elles soient. 

 

Acceptess-T propose plusieurs formations aux professionnel.les du champ médico-social dont certaines spécialisées en santé gynécologique et reproductive ou sur les soins de transitions. Plus d’infos sur leur site ou à cette adresse : pole.formation@acceptess-t.com. L’Espace santé trans propose également des formations à destination des professionnel·les et établissements de santé : formation@espacesantetrans.fr 

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