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“ Quelles sont vos origines ? "

28/05/2025 | Par Anonyme

Je suis allée consulter une psychiatre après avoir suivi la thérapie d’une autre praticienne que j’avais trouvée sur Doctolib et qui n’avait pas fonctionné. J’étais très angoissée car je n’étais jamais allée voir de psychiatre et que mes parents ne me soutenaient pas vraiment dans cette démarche – car, cliché oblige, c’est pour les “vrais malades”, les “fous”, etc. 

Je m’y rends donc pour notre premier rendez-vous et j’arrive dix minutes en avance. La psychiatre me dit qu’il est trop tôt et que je dois faire un tour du quartier en attendant. Je trouve ça bizarre mais je me sentais anxieuse à ce moment-là. Je ne réagis pas et j’attends à l’extérieur, par terre sur un trottoir. 

Dix minutes plus tard, la psychiatre me reçoit enfin dans son cabinet et me fait asseoir. 

On ne discute pas. C’est le silence. Mais je me dis que c’est peut-être parce qu’elle réfléchit. Puis la première question : « Quelles sont vos origines ? ». Je ne comprends pas trop, on devrait plutôt me demander mes symptômes ou alors pourquoi je viens. Mais non. Comme j’ai dit, j’étais très angoissée donc je réponds en chuchotant.

« Algérienne cambodgienne », elle note. Puis s’ensuivent 45 minutes de questions sur l’immigration de mes grands-parents en France, sur ma culture, nos “coutumes”, etc. Sauf que moi, je suis née en France. J’ai vécu avec ma mère qui n’a pas du tout la culture cambodgienne et qui nous a élevés dans la culture française. Donc je ne connais pas grand-chose de la culture cambodgienne. Je ne sais pas quoi lui répondre.

« Elle essaye de me faire dire des choses »

Elle essaye de me faire dire des choses, je vois bien qu’elle veut que je dise que mes parents sont maltraitants et que mon père (algérien) me priverait de sortir ou je ne sais quoi. Sauf que je ne vis pas avec lui et je ne subis pas ça. J’essaye de détourner le sujet et de lui dire que je vomis de stress dès que je suis dans un lieu public, que je ne peux pas sortir de chez moi. Bref, que j’ai un trouble anxieux et une anxiété sociale. Mais ça n’a pas l’air de lui convenir. Elle me sermonne en me disant que c’est le confinement qui m’a rendue comme ça, que je ne fais aucun effort et qu’il y a plutôt un gros problème de soumission à ma famille.

Je me mets alors à pleurer mais elle n’y fait même pas attention. On finit la séance et elle me dit de collecter plus d’informations sur la guerre au Cambodge et la guerre en Algérie… Je ne comprends pas. Donc je ne dis rien, on reprogramme un rendez-vous auquel je ne suis jamais allée.