J’ai aujourd’hui ressenti le besoin de dénoncer le système de santé français.
Je suis médecin exerçant en France, avec plusieurs diplômes obtenus hors de l’Union européenne. Je fais partie de ceux que l’on appelle les Padhue, pour praticiens à diplôme hors Union européenne. Ces professionnels qui fourmillent dans les couloirs des hôpitaux, qui soignent comme les médecins français, mais pas avec les mêmes conditions de travail. J’ai été lauréate de l’épreuve de vérification des connaissances (EVC) en 2015 en gynécologie médicale. Ce concours réservé aux Padhue est très sélectif. L’année dernière, 2000 postes avaient été ouverts pour près de 20 000 candidats.
Comme tous les lauréats de ces EVC, j’ai ensuite dû trouver un poste pour réaliser mon parcours de consolidation des connaissances. C’est un passage obligé pour être inscrit à l’ordre des médecins français et être reconnu. J’ai alors envoyé mon CV et ma lettre de motivation à des dizaines d’hôpitaux partout en France, puisque nous étions censés trouver un poste seuls.
« Cette expérience, je l’ai vécue comme une trahison. »
Finalement, je trouve un poste dans une maternité d’un centre hospitalier de l’ouest de la France. Je me rends maintenant compte que le chef de pôle et le chef de service ne connaissent pas notre statut et ce que représente ce parcours de consolidation des connaissances. Au bout de 11 mois de travail dans ce service, à soigner comme tous les autres médecins, on refuse de me valider ce parcours de consolidation, sous prétexte que l’hôpital ne remplit pas les conditions de validation pour ma spécialité, la gynécologie médicale. Alors je dois retrouver un poste, faire une année de plus sous ce statut de médecin non complètement reconnue.
Entre-temps, je deviens maman. Dans cette période, je me dis que j’aurais le temps de chercher tranquillement un poste. Hélas, j’ai passé des années à chercher ce fameux poste de gynécologie validant. Mais je ne l’ai pas trouvé. Cette expérience, je l’ai vécue comme une trahison.
Alors j’ai décidé de partir aux Émirats arabes unis, qui m’accueillent les bras ouverts, avec un meilleur salaire à la clé et une reconnaissance de mon cursus.